Place des tilleuls

L’espace urbain se sédimente. Les traces s’effacent au profit d’autres et construisent ainsi la complexité du sol des villes. La place des Tilleuls aura ainsi été une promenade, construite sur un jardin, lui-même bâti sur les anciens fossés qui protégeaient la ville médiévale.

L’observation de cette sédimentation a conduit à faire des choix sensés qui rendent lisible l’histoire et n’altèrent pas la mémoire urbaine. L’intention est traduite par l’emploi de matériaux noirs, sans confusion possible avec la pierre calcaire locale plus claire. La composition générale s’appuie sur les traces tangibles de l’ancien jardin et de la position des fossés médiévaux, laissant de côté ce qui n’emportait pas l’assentiment des archéologues.

De là naît un projet hybride, contemporain, sachant marquer à la fois sa modernité et son attachement à l’histoire. Le reste du projet invente des situations de parcours ou d’assises, réinvente dans un geste un kiosque disparu et propose un travail minutieux entre la limite de cette place et la vieille ville de Gray.

Ces trois projets dessinent un parcours urbain du plateau vers la plaine et de la ville vers la rivière. L’intervention sur la place de l’hôtel de ville redéfinit les relations entre les habitants et leur rivière, le Salon. Par une succession de balcons et de niveaux, l’espace de cette place développe de nouvelles pratiques liées à la présence de l’eau. Balcon pour les pêcheurs, escaliers baignés par les flots pour les enfants. La place s’inonde partiellement l’hiver et témoigne des variations de la rivière. La passerelle relie les deux rives et compose un cadrage du paysage construit par la rivière. Suspendue, elle affiche une certaine fragilité. Le passage sur l’eau redevient un acte audacieux. Sur le plateau, un simple espace de stationnement s’enrichit de plantations, d’un long banc pour les écoliers et se transforme quand les voitures disparaissent. Le triptyque fonctionne comme un transect urbain, révélateur de géographie.