Métamorphoser un territoire en friche et proposer un nouveau lieu de vie pour la rive gauche du Doubs à Dole.
Cette transformation à grande échelle est marquée par la volonté de reconquérir ses territoires, à travers notamment la transformation du quartier de la zone portuaire. Développée dans les années soixante, cette zone commerciale raconte un passé fait de liens (souvent artificiels) avec la rivière, à l’instar du reste de la ville, connue pour ses canaux qui ont fabriqué une relation toute particulière entre l’eau et ses habitants.
Cette rive a fait l’objet de nombreuses transformations qui ont considérablement modifié le lit mineur du Doubs, c’est donc sur plus d’un kilomètre que la rivière s’est vue amputée de son lien avec la terre.
Ce projet, esquissé par l’agence Territoires, c’est d’abord la volonté d’initier les retrouvailles entre l’eau et la terre de cette zone en friche. Il actualise la définition de parc urbain sur une rive, en ne considérant plus la rivière comme un simple fond de scène. La dynamique observée du lit mineur est celle de l’apparition d’îles et la formation de plages. C’est donc en se basant sur cette dernière que le projet tente d’accompagner la rivière dans sa transformation naturelle.
Le projet est géologique, topographique. Il naît du sol, et va redonner les matériaux pris à la rivière il y a de cela plusieurs décennies. Dicté par la dynamique fluviale, le geste du crayon sur le calque accompagne et épouse ce que l’eau murmure à l’oreille du paysagiste.
La nouvelle composition du parc intègre une multitude de nouveaux usages dont la programmation est issue d’ateliers avec les associations, les élus et les habitants, adultes comme enfants. Il doit avant tout être activé par ses occupants, car l’architecte paysagiste ne peut que suggérer, sans que son absence, une fois le projet « terminé », ne laisse qu’un grand vide rempli de désirs égoïstes.
Le parc de la rive gauche à Dole est donc une reconquête pour le vivant, pour les vivants : humains et non-humains. Il devient un lieu d’apaisement, de rencontres et d’apprivoisement.
Longtemps domptée et domestiquée, la rivière est une barrière, mais aussi et surtout un lieu d’échange. Et voila plusieurs siècles que l’humain a contraint les voies d’eau pour s’installer toujours plus de près. Par la même, la rivière s’est vue coupé des liens avec la terre. La ville de Dole, possède une histoire singulière avec sa rivière et ses canaux, qui ont participé à son essor. Situé en rive gauche, au bord du Doubs, le site est le résultat du dragage des matériaux de la rivière pour former une plateforme en surplomb et ainsi pouvoir installer des industries et entreprises diverses. Aujourd’hui, la fine bande entre la rivière et la zone commerciale se présente comme une friche, accueillant ponctuellement des activités en lien avec l’eau : voie navigable de France, une entreprise de location de bateaux de tourisme, et un club de kayak et aviron.
Ce projet reflète pour nous un changement de paradigme dans le rapport des villes à leur rivière. Nous avons décidé dans ce projet de ne plus considérer la rivière comme simple infrastructure de limite, mais bien comme un lieu de rencontre entre l’eau et la terre. Considérant la rivière comme un être mouvant avec une histoire, elle redevient ici l’acteur qui sculpte le territoire. Notre projet tente d’accompagner la dynamique naturelle, et de poser le support pour que la vie reprenne sur l’ancien remblais devenu friche de la rive gauche de Dole.
Dole, France
Ville de Dole
2022 – 2025
3,3 M€ HT
9,4 Ha
Territoires, paysagistes | Fanny Cassani paysagiste | La poétique de l’autruche | Le point lumineux | Eaux continentales | EVI
Aménagement de la rive gauche et rénaturation des berges
rivière, continuité écologique, rénaturation, hydrologie
Provertex | Territoires
Crédits:
Textes : Nils Bruder et Territoires
Photos : Nicolas Waltefaugle
(Sauf mention contraire)
Adresse
• 22, rue Megevand, 25 000 Besançon
• info(@)territoirespaysagistes.com
• 0033 (0)3 81 82 06 66